Dimanche matin, après avoir effectué la veille les formalités de sortie de République Dominicaine et s’être fait délester de quelques dollars supplémentaires par les autorités portuaires, nous nous sommes mis en route pour notre nouvelle destination. Bien que les vents orientés Est puis Sud-Est ne nous soient pas favorables, nous pensions que le créneau météo n’était pas trop mauvais car les fichiers indiqués que les vents ne devraient pas dépassés 18 nœuds en rafales pendant quelques heures.
Le contournement de l’île de Saona par le sud a été plaisant. Au travers pendant quelques miles, nous nous sommes rapidement rapprochés au plus près du vent. Chaque minute de longitude Est gagnée était une petite victoire ! En milieu de journée, nous sommes arrivés au sud du passage de la Mona, bien heureux de ne pas avoir à le ré-emprunter cette fois-ci. Les conditions ont alors progressivement changé. La mer s’est formée puis les vents ont sensiblement augmenté autour de 22 nœuds. Nous avons directement pris 2 ris, en anticipant que les conditions allées continuer à forcir. L’après-midi s’est déroulée à vitesse modérée avec quelques virements pour essayer de nous rapprocher de notre cap.
En fin d’après-midi, les conditions se sont renforcées : vagues de plus ou moins 3m et vent faces à nous avec pluie et orage. Heureusement pour nous divertir et nous soutenir, nos amis les dauphins sont revenus danser autour du bateau pendant une vingtaine de minutes. Les filles ont pu se régaler à les regarder tandis que leur frère nauséeux était allongé dans un demi sommeil …
Avant la tombée de la nuit, l’anémomètre montant sporadiquement à 32 nœuds, nous avons pris un troisième ris, puis avec Elo, avons commencé nos quarts. Cette fois-ci notre fidèle moussaillon était hors-jeu ! Trempés par plus de 4h de pluie non-stop et nos manœuvres de voiles en pied de mat, nous avons apprécié de pouvoir sortir pour la première fois nos salopettes et vestes de quarts et retrouver une certaine étanchéité.
Vers 21h, les vents ayant décidé d’être pleinement orientés face à nous, nous avons affalé puis mis en route les moteurs. Notre progression n’a pas été plus aisée. Certes nous faisions route directe mais à une vitesse d’environ 3 nœuds de moyenne, notre satisfaction n’était que modérée…
Une bonne partie de la nuit s’est faite sous la pluie, sans lune et sans étoiles mais illuminée par les éclairs…
Au petit jour, trempés et fatigués, nous pensions encore possible de rejoindre le point que nous nous étions fixés, Ponce, situé à une quarantaine de miles de la côte ouest de Puerto Rico. Mais rapidement, nous avons compris qu’il serait plus raisonnable d’improviser une pause sur notre parcours. Nous avons donc décidé de mettre le cap sur La Parguera, mouillage situé à une douzaine de miles de notre position.
Toujours au moteur nous avons fini par y arriver vers 14h ! Nous avons pris un mouillage assez excentré derrière une barrière de corail, non visible des côtes et en mettant consciencieusement notre pavillon jaune de quarantaine pour signaler le fait de ne pas avoir fait notre entrée sur le territoire. Nous avons alors réappris à notre estomac à fonctionner dans le bon sens et passé le reste de l’après-midi à nous sécher et nous reposer.
Le lendemain, n’ayant toujours pas fait nos formalités d’entrée dans le pays, il fallait que nous reprenions notre route pour effectuer notre entrée administrative à Ponce. La navigation s’est faite dans des conditions de mer et de vent quasi identiques à la veille mais cette fois sous un ciel bleu chargé de bandes nuageuses blanches. Partis à 6h45, nous avons fini par arriver à notre destination finale à 15h30 alors que nous n’avions qu’une vingtaine de miles à faire !
Nous avons alors pu juger l’efficacité de l’administration américaine. Pas plus de 10mn après avoir jeté l’ancre, nous avons vu arriver sur le ponton à environ 500m de nous, une voiture de l’US Custom avec gyrophares bleus allumés. Ils ont sorti les jumelles et nous ont fait des grands signes pour aller les voir. J’ai mis l’annexe à l’eau et suis allé à leur rencontre. Une fois les présentations rapidement faites, je leur ai expliqué notre parcours, heureusement, sans omettre de leur indiquer notre stop de repos de la veille. Le Policeman, m’a alors simplement regardé en m’indiquant que j’étais en « breach of law » et qu’une « penalty of 5 000$ » devait m’être appliquée pour ne pas nous être déclarés la veille lors de notre escale… Je ne sais pas si c’est mon jeu d’acteur hors norme (!) et ma mine décomposée ou un geste de mansuétude exceptionnel de Monsieur l’Agent, mais après quelques minutes, il m’a heureusement indiqué qu’à titre exceptionnel, il n’appliquerait pas la pénalité et que cette infraction ne ferait l’objet que d’un « warning » soumis à… 19$. Au cours de la conversation j’ai compris que manifestement, la patrouille en savait déjà beaucoup sur nous. Ils ont suivi notre progression depuis que nous étions au sud de la Mona, ils étaient au courant de notre arrêt et semblaient connaitre l’ancien nom de notre bateau. Le policeman m’a pris mon passeport et les papiers du bateau et m’a invité à venir les chercher le lendemain au bureau afin d’effectuer les formalités administratives de l’ensemble de la famille.
Hier, mercredi, nous sommes tous montés en taxi pour aller finaliser notre entrée, puis nous nous sommes promenés dans Ponce. Outre les quelques monuments locaux, nous avons pu constater à quel point le maillage sécuritaire était serré. Je pense qu’au cours de cette journée, il ne s’est pas passé plus de 5mn sans voir une autorité policière.
Definitely Uncle Sam is watching us !